Un rapport récent de l’Ademe, publié en octobre 2024 et révélé lundi par Contexte, met en lumière une situation inquiétante concernant le recyclage des bouteilles en plastique en France. Alors que le gouvernement prépare un nouveau plan pour améliorer le recyclage du plastique, les chiffres montrent que le taux de collecte stagne et peine à progresser.
Des chiffres en demi-teinte et un débat relancé sur la consigne
Pour l’année 2022, le taux de collecte définitif des bouteilles en plastique s’établit à seulement 53,3%. Ce chiffre est nettement inférieur aux 60,3 % initialement annoncés et même en léger recul par rapport à 2021. Pour 2023, les données provisoires laissent entrevoir une légère amélioration, avec un taux de collecte à 55,3%, mais cela reste loin des ambitions fixées par la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec), qui vise 77% en 2025, puis 90% en 2029. Ces objectifs sont d’autant plus importants qu’ils s’inscrivent dans le cadre plus large des exigences européennes, qui imposent un taux de collecte d’au moins 80% dès 2026.
Cette stagnation est source d’inquiétude. Elle soulève des interrogations sur l’efficacité des dispositifs actuels et sur la capacité de la France à respecter ses engagements environnementaux. Le débat autour de la consigne refait ainsi surface. Défendue par les industriels, la consigne est perçue comme une solution efficace pour augmenter les taux de collecte. Pourtant, les collectivités locales restent réticentes, invoquant notamment des coûts importants pour sa mise en œuvre.
À ce jour, aucune décision claire n’a été prise. Sans une amélioration significative, la consigne pourrait devenir inévitable, surtout si la France veut éviter de sanctions européennes. Cependant, le manque de transparence autour du rapport de l’Ademe et d’une autre étude d’impact défavorable à la consigne alimente les doutes. Certains politiques critiquent l’agence, la qualifiant d’incomplète et d’insuffisamment rigoureuse, tandis que l’Ademe elle-même appelle à compléter ses études avant toute conclusion définitive.
Des enjeux financiers et environnementaux qui appellent à une action urgente
Par ailleurs, la quantité de bouteilles en plastique mises sur le marché ne cesse d’augmenter. En 2022, elles ont progressé de plus de 10 %, mais cette hausse n’a pas été compensée par une collecte plus efficace. Cette désynchronisation contribue à faire baisser le taux de collecte. Parallèlement, la réintroduction des bouteilles en plastique dans le circuit via le réemploi, autre axe stratégique, demeure marginale, avec seulement environ 1% des bouteilles concernées. Les objectifs ambitieux de 10 % de réemploi d’ici 2027 sont loin d’être atteints.
L’enjeu financier est également considérable. L’État doit déjà faire face à une facture d’environ 1,5 milliard d’euros chaque année liée aux plastiques non recyclés. Cette pression budgétaire rend urgente une réflexion sur le financement global du recyclage. Au-delà de la question de la consigne, c’est un investissement massif dans les infrastructures, la sensibilisation et la collecte qui s’impose pour inverser la tendance.
Sans une mobilisation plus forte et une stratégie claire, les objectifs fixés par la loi et les directives européennes risquent de rester hors de portée, avec à terme un impact négatif sur l’environnement et sur l’économie circulaire. Le temps presse, et les décisions à venir seront cruciales pour l’avenir du recyclage en France.